Ashes to Ashes, Dust to Dust
"À l’occasion de la parution d’un article fin 2018, l’accent était mis sur les albums les plus sous-côtés de l’année. Avec le recul, il aurait sans doute fallu y ajouter l’album dont il va être question dans ces lignes, sorti à la veille de Noël. Quatrième sortie du projet américain Vandalorum (un mois après la sortie du single Shrouded Remains, qui figure sur ce nouvel album), Partium Exitium rassemble beaucoup d’éléments chers aux auditeurs de dungeon synth, et nous allons voir au cours de ce propos que son contenu dépasse assez allègrement la simple bonne surprise. C’en est une, évidemment, mais pas uniquement, loin s’en faut.
Comme le nom du projet et la pochette de l’album l’indiquent assez lourdement, Partium Exitium a pour thématique principale le fameux pillage de Rome par les Vandales, vraisemblablement vers 455. Modèle du genre, ce pillage non violent aura poussé, un peu plus tard, la création du terme vandalisme, histoire de se faire une idée de l’influence qu’a eu le peuple germanique sur ses contemporains et même bien plus tard. Mais c’est ici de musique dont il est question, et l’artiste ayant donné naissance à Partium Exitium a visiblement une certaine admiration pour les Vandales.
Sur le plan technique, on se retrouve ici face à un album aux sonorités plutôt claires voire cristallines. Vandalorum ne va jamais prospecter du côté des lourdes nappes de claviers saturées, et préfère les pads légers et les mélodies parfois un tantinet mélancoliques. On a même droit à d’infimes touches chiptune sur les titres « Shrouded Remains » et « Warg of the Moon », ce qui se marie admirablement avec l’ensemble. L’auditeur n’a aucun mal à faire un bond dans l’Antiquité, notamment grâce à une savante utilisation de sonorités que l’on qualifiera de traditionnelles, notamment dans le magnifique « Endless Quest », ce titre rappelant d’ailleurs un peu le travail de l’artiste Old Scribe, dans un style toutefois plus minimaliste et moins dansant.
Clairement, l’intention de l’artiste est ici de dépeindre quelque chose d’historique, de faire en sorte que l’auditeur vive une aventure, et on ne saurait suffisamment louer le talent de l’artiste américain, tant Partium Exitium inspire au dépaysement. Sur cet album, on a de tout. De la noirceur, de l’inquiétude, de l’épique, de la subtilité, de la douceur, de l’enthousiasme. En somme, des ingrédients qui peuvent s’avérer dangereux lorsque mélangés ensemble avec maladresse, mais qui, ici, donnent naissance à un album complet et très bien équilibré. Vous avez besoin d’une évasion ? Ne cherchez plus.
Comme il est de coutume dans mes lignes à propos de dungeon synth, permettez-moi d’avoir quelques mots pour la réception qu’a reçu cet album. Brièvement, elle est quasi nulle, et c’est proprement scandaleux. Partium Exitium fait partie de ses albums de dungeon synth qui s’appuient, non pas sur le fantasme d’un univers de fantasy, mais sur un événement historique qui s’est effectivement produit. Lorsque l’on effectue quelques recherches sur la mise à sac de Rome en ayant ce genre de musique dans les oreilles, il faut avouer que l’expérience est singulière, et cela renforce davantage l’impression de grande réussite que dégage le dernier album de Vandalorum."
-Le Scriptorium,
le-scriptorium.home.blog/2019/01/19/vandalorum-partium-exitium/
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